"Est-ce le geste qui donne corps au poème,
ou l’inverse?
Car la chair du poème, cette parole
de vie, innerve la chair du poète et pourrait bien être aussi
la seule nourriture convenable pour le corps social..."
Ossip Mandelstam...
On comprend que, pour Mandelstam, la création
littéraire ne puisse exister en dehors de cette liberté
intérieure qu’il oppose superbement à l’oppression
politique, et dont il fait, avec autant de fermeté que Rilke, par
exemple, la condition de tout progrès en art : " ne jamais
rien écrire qui ne soit pas le reflet d’un état d’esprit
intérieur ". Il s’agit là d’une forme d’attention
que je rapprocherais volontiers de celle que décrit Simone Weil,
et qu’on pourrait définir avant tout comme une écoute.
Le poète n’écrit pas ; non, il écoute. En lui,
qui s’offre au silence, une présence se manifeste.
(chronique de Jean-Marie Barnaud pour remue.net)
"L’ouïe fine tend la voile
le regard dilaté se vide
Et le coeur inaudible des oiseaux
nocturnes plane à travers le silence ".
Ossip Mandelstam
http://remue.net/cont/barnaud05.html