Pourquoi un forum sur la parentalité ?

Bonjour à tous,

Je retranscris ici la remarque de Michel (avec son accord) , ainsi que ma réponse, laissées sur son forum.

Elles me permettent d'introduire le pourquoi du forum sur la parentalité:


"Un espace de paroles entre "professionnels" et parents, ce n'est pas du luxe sur les difficultés qui se
font jour dans nos contextes réciproques et actuels relativement aux enfants en devenir...
Pour vous dire de façon très simple que le projet d'Iabelle est une belle tentative, j'y adhère pleinement."



Merci Michel...

J'étais à un colloque il y a peu, colloque organisé par une association de parents qui exprimaient leur colère de se voir souvent qualifiés de "démissionnaires" par les enseignants.
Ils y contestaient aussi la "psychologisation" de l'éducation des enfants, convoquant les parents à mobiliser leur force vive, leur intuition, leur expérience....

Je l'ai entendu comme étant une sorte de résistance à toute standardisation, recette, ou présupposé risquant l' anullation de fait, de la singularité du lien des parents avec leurs enfants.

Je trouve ce réveil intéressant et l'interroge de ma place de psychothérapeute familiale.

Les familles effectuant un travail de thérapie familiale, se mettent pourtant bien sur le chemin de cette rencontre avec le singulier de leur histoire, cherchant à éclairer la trame de leur souffrance.

...Et si parfois la demande qu'ils nous adressent ressemblent à une quête de formules magiques, de réparation instantannée, c'est à nous de rappeller que s'il y avait des recettes, ça se saurait...

Le savoir des professionnels, leurs références "théoriques", leur grille de lecture, n'est pas le seul moteur au mouvement d'élaboration.
Leur rapport à leur propre inconscent, dans les mouvements transférentiels, mis au travail dans leur analyse puis dans la supervision, étant incontestablement l'outil majeur .
Le cadre clinqiue doit, par conséquent, permettre la rencontre de nos singularités respectives.

Il y aurait donc, de mon point de vue, nécessité à soutenir cette rencontre, pour, précisement, faire de la question de l' éducation des enfants, de la question d'être parents...une question vivante.

Sensible aux enfermements dans lesquels notre société nous assigne de plus en plus actuellement, je donne à mon positionnement valeur de résistance au prêt à penser...

Bien à vous.

Bonjour à tous,
Il ne me semble pas en effet que quelque "prêt à penser" tienne en matière d'éducation des enfants. Je constate que pour ainsi dire systématiquement, la souffrance inexplorée d'un parent, se transmet à l'enfant. Que l'histoire du parent, se répercute en outre sur le couple parental, et que les dissensions de ce dernier, malmènent le cadre, les règles rassurantes - dont les contraintes - dont l'enfant a besoin pour s'épanouir, de même qu'il a besoin dans une proportion disons "voisine", de mots et de gestes d'amour incarné. Le narcissisme blessé d'un parent a autant d'incidence sur la façon dont le parent "éduque", aime, que sur la façon dont l'enfant reçoit cette éducation, et s'aime. C'est du moins ce que je constate, ne serait-ce que professionnellement.
A bientôt,
Francis.

Bonjour Francis,

Je me demandais si le "prêt à penser" tient quoi que ce soit...
Si ce n'est une certaine sécurité devant l'angoisse que soulève parfois le fait de penser...ou de s'approprier une pensée.

Maintenant on peut aussi s'être approprié des pensées tellement épouvantables !

Penser sur l'éducation des enfants, de la place des parents, c'est penser "subjectivement" sur le lien.
Celui inscrit dans les histoires, celles reliées dans la rencontre.

Un lien qui peut malmèner, négliger ou nourrir et enrichir les besoins fondamentaux de l' enfant.
L'estime de soi, particpe, comme tu le dis, de la construction.
Blessée chez les parents, elle peut devenir la charge de l'enfant de la réparer.

On pourrait même dire parfois : "on ne sait pas à quel point les enfants ont leurs parents à charge" ...

Je nomme mon message ainsi car j'ai un peu l'impression de rompre un dialogue de professionnels... et j'interviens avec mes mots-gros sabots en tant que maman en constante interrogation de ce que je lègue à mon enfant. Avant sa venue au monde, j'ai longuement travaillé sur moi et sur mon arbre pour ne pas lui transmettre ce que l'on m'avait transmis. Mais aujourd'hui, il a deux ans, et chaque jour je constate que les racines de mes maux (que je m'efforce de transformer en mots) vibrent encore de milles blessures. C'est un combat quotidien que de faire la part des choses.
Merci

On oublie parfois comment on s'est débattu avec nos réalités, comment malgré elles ou en partie, grâce à elles aussi, on a su se frayer un chemin. Cette puissance là ! Quelle expérience, quel savoir !
Saisis par le désir de protéger l'enfant, de lui permettre une vie meilleur, nous oublions parfois qu'il est doté, lui aussi, de capacités à faire avec ce qui lui est donné de vivre, nous oublions de lui faire confiance, et ça, la confiance, l'enfant lui, a besoin de sentir qu'on la lui accorde.
La part des choses... "rendre à César ce qui est à César"...oui, c'est difficile, l'art serait que cesse la répétition, l'art serait que le potentiel formidable de nos enfants se déploie.
Merci à vous !