Bonjour à tous,
Edouard Glissant préfère le terme de mondialité à celui de mondialisation.
Sa pensée est pour moi, un fil à plomb, non que j'y retienne un poids, au contraire, mais une droiture, un lest formidable, une colonne vertébrale.
Pour introduire ce nouveau post sur la "relation", j'ai fait appel à lui.
"La mondialisation, c’est l’envers négatif de ce que j’appelle mondialité. La mondialisation, c’est le nivelage par le bas. C’est la monotonie. Tout le monde s’habille de la même manière, tout le monde a les mêmes réactions, tout le monde veut manger les mêmes produits universels…
Tout le monde parle l’anglais.
Tout le monde parle l’anglais, tout le monde, etc., etc. C’est si vous voulez l’égalisation.
Par le bas, plutôt.
Par le bas. Et ce qui se passe, c’est que les poètes ont toujours dit – et les poètes ont presque toujours raison – que ce qui se perd dans le monde c’est le divers, c’est la diversité, le divers. Segalen le disait déjà au début du xxe siècle. Et, la mondialisation c’est l’anti-diversité, n’est-ce pas? Mais, comment combattre la mondialisation, à part… Il y a des combats concrets, réels, n’est-ce pas? Il y a les rassemblements… Mais il y a aussi l’imaginaire, n’est-ce pas? Et, l’imaginaire ne se change pas comme cela.
Et, l’imaginaire ne se change surtout pas en se renfermant sur soi-même. Combattre la mondialisation, on ne peut pas le faire si on s’enferme sur soi-même. Si je ne suis pas dans la mondialité je ne peux pas combattre la mondialisation. Si je me renferme sur moi-même, si je me renferme dans mes murs, dans ma maison, dans ma cité…
Dans ma nation…
Dans ma nation. Et, c’est pourquoi, je pense que ce sentiment de mondialité qui est presque une poétique, mais qui est une poétique active, qui n’est pas une poétique contemplative, purement contemplative. C’est une poétique active qui permet l’échange et qui permet le change, et qui permet de se maintenir tout en devenant autre et ça, c’est difficile pour les peuples et les individus d’aujourd’hui. C’est difficile à comprendre parce que on a l’impression que si on devient autre, on se perd, on se dilue, on s’évanouit, on abandonne quelque chose, une part de soi qui était séculairement là et que c’est pas possible. Et pourtant, il faudra bien qu’on y vienne, à ceci, que aller à l’autre et se changer avec l’autre, ce n’est pas se perdre, et ce n’est pas se dénaturer. Et, je crois que les poètes mènent ces combats-là. Le combat de cette diversité, de cette unité-diversité et le combat de cette mondialité. "
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